Après de nombreux reports, le Plan Eau du gouvernement vient enfin d’être dévoilé. France Eau Publique salue des mesures pragmatiques mais appelle à aller plus loin, vers un véritable changement de modèle et une gestion de l’eau portée exclusivement par l’intérêt général.
L’eau doit devenir matrice des politiques publiques
Transformation du système agricole et maximisation du stockage de l’eau dans les sols, adaptation du secteur nucléaire au changement climatique, augmentation du budget des agences de l’eau, ou bien encore incitation à la mise en place d’une tarification progressive de l’eau… Dans les grandes lignes, après une attente incertaine, on ne peut objectivement que se réjouir des orientations pragmatiques et nécessaires annoncées ce jour par le président de la République.
Si ces premières mesures sont à saluer, leur pleine réussite sera néanmoins conditionnée par notre capacité à changer fondamentalement de modèle pour faire de l’eau une véritable matrice des politiques publiques. Urbanisme, aménagement, agriculture, alimentation, énergie ou bien encore industrie : plus aucun projet de territoire ne devrait pouvoir être conçu sans intégrer l’eau dès l’amont, dans une approche dé-silotée et transversale.
Les interdépendances et la solidarité au cœur du partage de l’eau
Le partage de la ressource en eau suppose de prendre en compte les besoins de chacun des profils de consommateurs (agricoles, industriels, particuliers) sans oublier les interdépendances des territoires, qu’ils soient urbains ou ruraux, situés en amont ou en aval de la ressource. La ressource en eau impose la solidarité : pour Christophe Lime, président du réseau France Eau Publique de la FNCCR, « la ressource en eau nous oblige à travailler les uns avec les autres, pour mieux répondre aux intérêts des usagers, quels qu’ils soient, sans les opposer les uns aux autres. »
Face au changement climatique, les acteurs publics de l’eau le rappellent : si la technologie et les solutions innovantes peuvent s’avérer de précieux alliés, en particulier pour lutter contre les fuites, elles ne peuvent constituer l’unique réponse aux défis actuels de préservation de la qualité des ressources et de partage de l’eau. Ainsi que le souligne Christophe Lime,
« La seule réponse véritablement durable pour permettre à chacun de disposer d’une eau potable accessible est d’éviter de polluer la ressource elle-même ».
Un changement de paradigme s’impose : la durabilité de la ressource en eau et notre capacité à pouvoir la transmettre dans de bonnes conditions aux générations futures ne pourra se faire sans une vision de long terme, portée exclusivement par l’intérêt général.
Pour une gestion de l’eau publique, solidaire et pérenne, garante de l’intérêt général
Assurant l’approvisionnement en eau potable et le traitement des eaux usées de plus de 45 % de la population française, les acteurs publics locaux sont pleinement engagés au quotidien pour une gestion publique de l’eau solidaire, transparente et durable. Réunis au sein de France Eau Publique, ils réaffirment le principe de non-marchandisation de l’eau et la nécessité de favoriser le dialogue entre les différentes parties prenantes, pour forger une nouvelle culture collective de l’eau.
France Eau Publique et ses membres sont à la disposition du Gouvernement et des élus locaux pour partager réflexions et pistes de solutions. Le réseau invite par ailleurs élus, collectivités et acteurs institutionnels des territoires à prendre date le 12 octobre 2023 à Bordeaux pour une journée de réflexion et de prospective à l’occasion de ses 10 ans, et imaginer collectivement le service public de l’eau de demain.