
À l’occasion du Conseil d’administration d’Aqua Publica Europea, France Eau Publique et ses membres ont participé à plusieurs échanges de haut niveau à Bruxelles, aux côtés de ses partenaires européens réunis au sein d’Aqua Publica Europea (APE).
Les discussions, menées avec Michel Sponar, chef adjoint de l’unité « Eau » à la Direction générale de l’Environnement de la Commission européenne, et avec Jessika Roswall, Commissaire européenne à l’Environnement, à la Résilience de l’eau et à l’Économie circulaire compétitive, ont permis de réaffirmer le rôle central des opérateurs publics dans la mise en œuvre de la stratégie européenne pour la résilience de l’eau (European Water Resilience Strategy – EWRS).
Un dialogue constructif avec la Commissaire Jessika Roswall : la résilience de l’eau au cœur de la souveraineté européenne

La rencontre, accueillie par l’opérateur bruxellois Vivaqua, a mis en lumière l’ambition de la Commission européenne : garantir à long terme un accès sûr et durable à l’eau pour tous les citoyens européens, tout en renforçant la coopération entre acteurs publics, privés et institutionnels.
La Commissaire Roswall a rappelé que l’Europe pouvait être fière de disposer d’un service public de l’eau solide et fiable, symbole de santé et de confiance. La stratégie européenne pour la résilience de l’eau propose une approche systémique visant à protéger la ressource, prévenir la pollution et renforcer la durabilité du cycle de l’eau dans son ensemble.
Les membres d’Aqua Publica Europea, dont France Eau Publique, ont présenté plusieurs initiatives concrètes contribuant à la mise en œuvre de cette stratégie :
- une prévention renforcée des pollutions à la source, fondée sur le principe du pollueur-payeur ;
- une gouvernance efficace et transparente, condition essentielle pour encourager l’investissement public et renforcer la confiance avec les citoyens ;
APE a également souligné que les opérateurs publics évoluent aujourd’hui au-delà de la simple fourniture de service, en devenant de véritables gestionnaires du cycle de l’eau, alliant expertise scientifique, innovation et transparence.
La Commissaire Roswall a salué l’engagement et la crédibilité de ces acteurs, rappelant que la mise en œuvre de la stratégie reposerait sur la confiance, la coopération et la transparence, et confirmant que la modernisation du règlement REACH – pour mieux détecter et réguler les substances préoccupantes comme les PFAS – figure parmi les priorités de la Commission.
Les contributions des membres de France Eau Publique : des échanges ancrés dans la réalité de terrain


Les représentants français ont pris une part active dans les échanges, en portant la voix des services publics et des réalités de terrain :
💬 Franck Perru (SDEA Alsace-Moselle) a interrogé la Commissaire sur la nécessité de s’appuyer sur le cadre européen relatif à l’utilisation des boues d’épuration en agriculture, afin d’assurer une cohérence entre valorisation circulaire, sécurité sanitaire et objectifs environnementaux.
💬 Dan Lert (Eau de Paris) a questionné la Commission sur les moyens de garantir que les financements de la Politique agricole commune (PAC) soient effectivement mobilisés pour atteindre les objectifs de la stratégie européenne pour la résilience de l’eau et pour assurer la conformité des États membres avec la législation existante.
Il a également soulevé la question de la réduction de 10 % de la demande en eau à l’échelle européenne, interrogeant la Commission sur les mécanismes d’incitation et de suivi prévus pour y parvenir.
Ces interventions ont été saluées pour leur pertinence, traduisant l’engagement des opérateurs publics français à relier les ambitions européennes aux enjeux concrets du terrain, qu’il s’agisse de gestion des boues, de planification des usages ou de sobriété hydrique.
Échanges avec Michel Sponar : prévenir, responsabiliser et anticiper
La rencontre avec Michel Sponar a permis d’aborder les aspects techniques et réglementaires de la mise en œuvre de la stratégie.
Parmi les priorités évoquées :
- l’application complète des directives existantes, avant toute nouvelle initiative législative ;
- la promotion de la réutilisation de l’eau, notamment dans les secteurs agricole et industriel ;
- et la mise en œuvre de la responsabilité élargie des producteurs (REP), malgré les fortes pressions exercées par les industries pharmaceutiques et chimiques.
Les discussions ont également porté sur la Directive relative au traitement des eaux urbaines résiduaires (DERU) et sur la fixation de valeurs limites pour les PFAS et le TFA, en cours d’évaluation par l’OMS, avec des conclusions attendues d’ici fin 2026.
Les représentants de France Eau Publique ont insisté sur la nécessité d’une approche réaliste, scientifiquement étayée et économiquement soutenable, afin d’éviter des obligations difficilement applicables pour les opérateurs, notamment les plus petits.
Neutralité énergétique et équilibre des objectifs environnementaux
Les échanges ont mis en évidence la tension croissante entre les objectifs de neutralité énergétique et ceux de traitement renforcé des micropolluants.
Plusieurs intervenants, dont des représentants italiens et allemands, ont alerté sur le risque de concurrence entre ces priorités environnementales.
Michel Sponar a reconnu la nécessité d’une souplesse d’application et a cité les exemples du Danemark et de l’Écosse, pionniers dans la réduction de la consommation énergétique des stations d’épuration.
France Eau Publique poursuivra son engagement, aux côtés d’Aqua Publica Europea, pour :
- garantir une mise en œuvre cohérente et équilibrée des politiques européennes de l’eau ;
- défendre le rôle structurant des services publics dans la résilience hydrique ;
- et promouvoir une responsabilité partagée, au service de la protection durable de la ressource.
