Le 8 avril dernier, Aqua Publica Europea a tenu son Conseil d’administration dans les locaux de Vivaqua, l’opérateur public de l’eau à Bruxelles. Cette réunion a offert aux membres l’occasion d’échanger sur les grandes initiatives et directives européennes en cours, ainsi que sur les dernières évolutions des activités de l’association.
Elle a été suivie, le 9 avril, par un événement coorganisé au Parlement européen, en collaboration avec la députée européenne Stine Bosse (Danemark), autour du thème :
« Financer la résilience de l’eau – Concilier durabilité environnementale, équité et efficacité dans le secteur de l’eau pour l’avenir de l’Europe »
Les moments forts de la discussion :
Claudia Olazábal (Commission européenne) a affirmé que l’investissement constituera un axe majeur de la future stratégie européenne pour renforcer la résilience de l’eau. Elle a déploré la sous-utilisation des financements européens disponibles et a appelé à une mobilisation plus efficace de ces ressources. Selon elle, la résilience repose sur une diversité d’interventions, chacune impliquant des coûts spécifiques et des justifications économiques, ce qui nécessite des outils financiers ciblés et des incitations adaptées.
Bernard Van Nuffel (président d’Aqua Publica Europea) a souligné l’augmentation des besoins d’investissement, causée par le changement climatique, les exigences réglementaires et la demande croissante du secteur industriel. Il a proposé d’introduire des tarifs plus intelligents – comme des frais fixes plus élevés pour les usages ponctuels –, de renforcer les principes du pollueur-payeur et du bénéficiaire-payeur, ainsi que de mettre en place des taxes spécifiques pour faire face aux sécheresses et aux inondations. Il a également mis l’accent sur la nécessité de financements à long terme, en particulier de la part des banques publiques et de l’Union européenne, pour soutenir les régions vulnérables et à faibles revenus.
Bonaldi da Costa (Grundfos) a plaidé pour que les investissements s’alignent sur un cadre européen favorable. Il a insisté sur la reconnaissance de la véritable valeur de l’eau, la promotion de sa réutilisation, le développement de solutions décentralisées, et une tarification incitative favorisant une utilisation efficiente.
Vera Eiró (WAREG) a rappelé que la régulation économique joue un rôle central pour assurer la viabilité financière des services d’eau, renforcer la confiance des investisseurs et protéger les usagers. Elle a également souligné l’importance des données fiables pour garantir une gouvernance efficace.
James Hunt (Banque européenne d’investissement) a mis en avant la solidité du cadre législatif européen en matière d’eau, tout en appelant à une meilleure coordination avec les autres politiques sectorielles pour optimiser l’utilisation de la ressource. Il a insisté sur la nécessité de restaurer le cycle de l’eau, en renforçant le rôle des agences de bassin et en impliquant davantage les opérateurs. Il a rappelé le rôle essentiel de la BEI dans la correction des défaillances de marché.
Xavier Leflaive (OCDE) a indiqué que le financement privé peut contribuer au secteur de l’eau, à condition que les taxes, tarifs et subventions assurent la rentabilité des investissements. Il a appelé à un changement de paradigme dans l’évaluation des projets, mettant l’accent sur l’optimisation des ressources. Il a également plaidé pour des règles plus claires sur le financement des factures d’eau, un renforcement du principe pollueur-payeur, et une attention particulière à la justice sociale dans les stratégies de financement.
Ces interventions nourriront un prochain document de Aqua Publica Europea, qui proposera un nouveau modèle de financement pour le secteur de l’eau.
France Eau publique se réjouit de poursuivre cette dynamique collective pour un avenir de l’eau résilient, équitable et durable en Europe.